Être architecte à Bayonne : comprendre la globalisation et l'identité locale
Pour comprendre un territoire, des analyses cartographiques et prospectives ne suffisent pas.
Les changements sur le territoire s'opèrent aussi à plus petite échelle, au sien du quartier Saint-Esprit par exemple.
Peu à peu les locaux commerciaux abandonnés, en rez-de-chaussée, se transforment en petites boutiques ou noisettes bio et objets vintages se monnayent à prix d’or. On a parlé précédemment de métropolisation et je ne peux m’empêcher de comparer le quartier de Saint Esprit à un savant mélange de saint Michel et Bastide à Bordeaux. D’abord parce qu’il se situe sur la Rive Droite de Bayonne, éloigné du centre par une «largeur de fleuve», mais aussi parce qu’il représente l’un des derniers quartiers proche du centre dont le prix du foncier reste plus abordable.
J’assiste donc en direct, au fil des mois à la «gentrification» de ce quartier. Le profil des habitants change, doucement mais sûrement. Tout proche de la gare le tram bus va traverser ce quartier et avec lui c’est tout un lieu qui va se retrouver comme catapulté dans «l’hyper centre». Petit à petit ce quartier va intégrer le centre de Bayonne mais à quel prix? Aujourd’hui son identité c’est ses habitants, un quartier populaire ayant une réputation historique de lieu d’accueil.
On l’aura vu à l’échelle du territoire, comme à celle du quartier, ce territoire est en pleine mutation, mais à quel prix? Doit-on sacrifier l’identité d’un lieu au prix de la croissance urbaine et de l’intégration dans la logique métropolitaine?
Ma réponse est bien entendu non, et je soutiens que c’est à travers l’identité locale que l’on peut résoudre les problématiques liées à la globalisation, ou ici à la métropolisation qui engendre un tri territorial. En dehors d’un rôle majeur pouvant être joué par les mouvements sociaux urbains comme les associations de quartiers, il est utopique d’imaginer que l’architecte puisse aller à l’encontre de ces logiques sans une politique de la ville adaptée.
L'etxe Basque architecture typique du pays basque
Comme on peut l’imaginer il n’existe pas une mais plusieurs architectures «basques», mais le modèle que l’on utilise aujourd’hui à tort ou à raison vient de la ferme labourdine. ( d‘Est en Ouest labourdine, souletine, navaraise, du bois vers la pierre, de la tuile vers l’ardoise)
Elle est imposante, et ses murs en maçonnerie sont d’un blanc éclatant, pas tout à fait lisse. Ses menuiseries sont peintes d’un rouge ou d’un vert profond. Elle est habillée d’un toit à double pente couvert de tuiles. Parfois asymétrique, elle est percée ça et là de petites ouvertures d’apparences désordonnées.
Implantée dans les vallées ou les collines basques verdoyantes, la ferme labourdine est solidement ancrée dans son territoire et chacune des façades est étudiée selon son orientation. Elle prend l’apparence d’un bloc massif, de forme rectangulaire.
À l’est, se tient en général une immense façade percée de fenêtres et composée de pans de bois rappelant les colombages alsaciens ou normands. À l’entrée on trouve le «lorio», un porche où était entreposé du matériel, des outils, un peu tout ce qu’on laissait à l’extérieur de la maison avant d’y entrer et qui permettait d’accéder à «l’eskaratz», la pièce distribuant toute la maison. Au rez-de-chaussée, on trouve l’étable (côté ouest), l’eskaratz et un très grand escalier en bois menant au premier étage où l’on trouve les chambres, la salle à manger et la cuisine, le tout surmonté d’un immense grenier où l’on faisait sécher les cultures (maïs, lin). Concernant les matériaux on utilisait du grès provenant de la Rhune, du chêne pour la charpente et du châtaignier pour les planchers. En résumé, du bois et de la pierre. Des matériaux nobles et bien sûr locaux.
L’existence ou non d’un étage, un décor plus ou moins riche, le prolongement d’un versant (créant une dissymétrie) sont autant d’indices du statut social des occupants de la maison.
L'etxe maison traditionnelle Basque : une et indivisible
L’etxe est le nom donné à la maison traditionnelle basque dans laquelle habitait autrefois toute la famille – plusieurs générations – et qui était par nature indivisible et incessible. Une maison basque, c’est transmettre et faire vivre la terre. C’est l’aîné qui était choisi par la famille mais il pouvait y avoir des arrangements. Si celui-ci n’était pas suffisamment responsable, on pouvait la donner au cadet de la famille. Aujourd’hui, cet héritage perdure et c’est à celui qui reprend l’exploitation que revient la ferme.